Le scoutisme catholique

Le scoutisme catholique

Le Père Jacques Sevin

Dès 1913, le mouvement scout connaît un réel engouement auprès des adolescents et suscite aussi de fortes critiques. Un étudiant jésuite, Jacques Sevin, fait pendant l’été un voyage d’étude en Angleterre pour se rendre compte par lui-même. Sur place, il partage la vie de camp des boy-scouts, rencontre la hiérarchie catholique et se lie d’amitié avec Baden-Powell autour d’une tasse de thé. Dans sa pensée et dans son cœur, il forme la résolution de fonder les scouts catholiques en France.

Entre 1917 et 1919, il rédige son maître livre "Le scoutisme, étude documentaire et applications". Il réalise aussi des essais de scoutisme à Mouscron: il se rend vite compte que cette pédagogie, si décriée dans les milieux ecclésiastiques de l’époque, correspond en profondeur à une vision chrétienne de l’homme. Il conçoit alors le dessein, non seulement de proposer la vie scoute à des jeunes pour en faire des adultes chrétiens, mais aussi de développer leur foi et de les intégrer profondément à l’Église catholique par cette même vie scoute : combien de vocations sacerdotales, religieuses, laïques, prendront naissance dans un tel terreau de vigueur spirituelle et de générosité éducative !

"Le scoutisme est un complément d’éducation. Pour base il prend la religion – pour nous la religion catholique – pour méthode caractéristique, l’étude de la nature, (…) et il a pour but d’aider l’enfant, (…) à développer personnellement sa santé, son habileté professionnelle, et surtout son caractère et à prendre l’habitude du service et du dévouement : ainsi, le jour venu, se sera-t-il préparé à être un bon citoyen des républiques de ce monde et du royaume de Dieu." (Père Jacques Sevin).

 

Scouts de France

En juillet 1920, il fonde l’Association des Scouts de France: au lieu de simplement fédérer les expériences de scoutisme catholique qui existent en France depuis 1911, il repense entièrement le scoutisme de Baden-Powell dans la lumière et l’esprit de l’Évangile.

La rencontre entre la méthode scoute et les intuitions du P. Sevin a permis d’élaborer une pédagogie basée sur les valeurs évangéliques, où chaque jeune est conduit à s’épanouir et à développer sa personnalité en faisant fructifier les talents qu’il porte en lui ” (Jean-Paul II, Lettre apostolique aux responsables de la Conférence Internationale Catholique du Scoutisme (CICS), septembre 1998).

Préoccupé de la rénovation des méthodes pédagogiques des collèges jésuites, il ressent un certain décalage entre l’esprit missionnaire des origines et la vie concrète des collèges. Le scoutisme de Baden-Powell lui paraît à même de fournir des instruments nécessaires à un retour aux sources pour retrouver l’intuition proprement ignatienne d’une éducation active, généreuse et missionnaire, où les finalités inspirent les méthodes.

Pédagogue, le P. Sevin est aussi un spirituel, un contemplatif et dans une certaine mesure un mystique. Fils de St Ignace, il est familier de Ste Thérèse d’Avila et lit beaucoup Thérèse de Lisieux, chez qui il puisera ce qu’il appelle “la joie scoute”, cherchée et trouvée au creux du quotidien. Son intuition spirituelle fut centrée sur la croix glorieuse de Jésus, la croix de Jérusalem dont il entoura, sur l’insigne des scouts de France, la fleur de lys de Baden-Powell. Il réécrit la loi scoute, la promesse et tous les textes fondamentaux. Il enrichit la pratique scoute d’une approche spirituelle du camp et de la route, contribuant ainsi de manière décisive à enraciner en profondeur les contours de ce qu’on peut appeler l’esprit scout, esprit qu’il est le premier à vivre et mettre en œuvre dans les stages de formation de responsables à Chamarande.

Son style – il véhicule toute une esthétique et une symbolique par ses dons de poète, de musicien et de dessinateur -, sa pensée, ses écrits et les structures mêmes des Scouts de France font école sur toute la planète. En 1922, il fonde et dirige la Conférence Internationale Catholique du Scoutisme au sein du Mouvement Scout Mondial. Et tout cela, sans trahir Baden-Powell qui déclarera que le travail du P. Sevin représente “la meilleure réalisation de sa propre pensée”.

 

La Sainte Croix de Jérusalem

Le P. Sevin porta en lui un autre projet qui vit le jour en 1944 : la fondation d’une congrégation religieuse contemplative et missionnaire, la Sainte Croix de Jérusalem, dont la spiritualité propre a trouvé ses sources principales chez St Ignace, les deux saintes du Carmel et le scoutisme, et qui est tout particulièrement engagée dans l’éducation des jeunes.

L’introduction récente à Rome de sa cause en béatification est l’occasion de redécouvrir l’actualité de l’œuvre de Jacques Sevin, et de prier Celui qu’il a fait appeler “Seigneur Jésus” par tous les scouts catholiques du monde d’être toujours prêt à Le servir.

 

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